séparation : accompagner son enfant pour amortir le choc :
Traverser une séparation est déjà difficile pour vous. Mais pour votre enfant, c'est un véritable séisme qui ébranle tous ses repères. En tant que sophrologue accompagnant quotidiennement des enfants dans cette situation, je vois leurs yeux pleins de questions et leurs corps tendus par l'anxiété.
Pourtant, je suis convaincue que vous pouvez atténuer cette secousse. La séparation en elle-même n'est pas forcément traumatisante - c'est la façon dont elle est amenée et gérée qui fait toute la différence.
Prenons ensemble le temps de comprendre ce que ressent vraiment votre enfant et découvrons comment l'aider concrètement à traverser cette période.
Ce que votre enfant peut ressentir face à la séparation
Selon Marie-France Hirigoyen, psychiatre, bien plus que la séparation en elle-même, c'est le niveau de conflit entre les parents qui a un impact négatif sur les enfants.
Votre enfant vit probablement :
Une anxiété permanente qui devient sa compagne quotidienne. Il se demande : Où va-t-il vivre ? Verra-t-il toujours ses deux parents ? Va-t-il devoir changer d'école, perdre ses amis ? Ces questions tournent en boucle dans sa tête.
Une colère qui peut surgir brusquement et viser l'un des parents, les deux, ou même se retourner contre lui-même. Ne soyez pas surpris s'il vous lance : "C'est ta faute !" ou "Vous n'avez même pas essayé de vous aimer encore !"
Une tristesse profonde qui se manifeste par des pleurs, un repli sur soi ou une perte d'intérêt pour ses activités préférées. Cette tristesse n'est pas linéaire, elle vient par vagues.
Une culpabilité tenace qui ronge tant d'enfants. Ils pensent, à tort bien sûr, qu'ils sont responsables de votre séparation : "Si j'avais été plus sage...", "Si j'avais eu de meilleures notes..."
5 points clés pour amortir le choc de la séparation 5
1. Préparez et organisez en amont de l'annonce
Avant même de parler à votre enfant, prenez soin de vous. Respirez. Pleurez si nécessaire. Consultez un professionnel si vous vous sentez submergé. Les recherches sont nombreuses et montrent que les enfants dont les parents ont pris le temps de se préparer émotionnellement avant l'annonce présentent moins de troubles anxieux.
Vous en voulez peut-être à mort à votre ex ? C'est humain. Mais préparer "demain" pour votre enfant est crucial. Comment allez-vous organiser les gardes ? Quand, où ? Y aura-t-il un éloignement ? Toutes ces questions pratiques doivent être discutées avant l'annonce.
Le Dr Gérard Poussin affirme également que ce sont les disputes entre les parents qui affectent plus que la séparation en elle-même. Idéalement, parlez à votre enfant ensemble, dans un moment calme. Préparez ce que vous allez dire. Les messages essentiels doivent être clairs : "Notre séparation n'est pas ta faute", "Nous t'aimerons toujours tous les deux", "Certaines choses vont changer, mais notre amour pour toi reste le même".
N'annoncez jamais la séparation juste avant l'école, un examen ou le coucher. Choisissez un moment où vous pourrez rester disponible après l'annonce. Votre enfant aura besoin de temps pour digérer, pour poser des questions, ou simplement pour être tenu dans vos bras.
Votre enfant a besoin de repères, quel que soit son âge ! Soyez au clair avec vous-mêmes, maintenez le cadre. Bien sûr, il pourra choisir la déco de ses nouvelles chambres, mais en aucun cas (hors situations extrêmes) vous ne lui demanderez avec qui il veut vivre.
2. Expliquez la différence entre les types d'amour
Un point essentiel à clarifier : la différence entre l'amour des amoureux et l'amour des parents pour leurs enfants.
L'amour entre amoureux peut parfois s'arrêter, mais l'amour d'un parent pour son enfant est pour toujours. Cet amour est indestructible, quoi qu'il arrive.
Un enfant aime ses parents de manière inconditionnelle, c'est sur ses parents qu'il a commencé à se construire. Cette distinction est essentielle pour qu'il comprenne que votre séparation ne remet pas en question votre amour pour lui.
Adaptez votre langage à l'âge de votre enfant :
Pour les plus jeunes (3-6 ans), utilisez des mots simples : "Papa et maman ne vont plus vivre ensemble, mais nous t'aimons toujours très fort."
Pour les enfants d'âge scolaire (7-12 ans), vous pouvez expliquer un peu plus : "Papa et maman ont essayé de résoudre leurs problèmes, mais nous avons décidé qu'il valait mieux vivre séparément. Ce n'est pas ta faute, et nous serons toujours tes parents."
Pour les adolescents, soyez honnêtes tout en respectant leur besoin d'intimité : "Notre relation a changé avec le temps, et nous pensons que nous serons plus heureux en vivant séparément. Nous sommes là pour toi, et nous voulons savoir ce que tu ressens."
3. Montrez vos émotions et...rassurez !
Oui, vous avez le droit de montrer à votre enfant que vous êtes triste ou en colère. Il est important qu'il comprenne que ces émotions sont normales. Mais rassurez-le aussitôt : "Je suis triste, mais ça va aller mieux. Ce n'est pas à toi de me consoler. Je vais faire ce qu'il faut pour gérer."
Carol R. Hughes, thérapeute experte et spécialisée dans la famille, a démontré que les enfants qui peuvent exprimer librement leurs émotions et recevoir de l'empathie de la part de leurs parents lors de l'annonce s'adaptent mieux à long terme que ceux qui sont encouragés à "être forts".
N'hésitez pas à reconnaître et légitimer ce que vit votre enfant : "Tu peux être triste, en colère, ou avoir peur. Ce sont des sentiments normaux. Tu peux me parler ou me poser des questions quand tu veux."
Votre enfant n'est ni votre confident, ni votre ami, ni votre thérapeute. Préservez-le de ce rôle qui ne lui appartient pas. Ces émotions ne dureront pas éternellement et vous savez les gérer. Il apprendra ainsi qu'on peut traverser des tempêtes émotionnelles et que cela est normal !
Crédit photo : Renaud Confavreux
4. Restez l'adulte de la situation !
C'est peut-être le point le plus crucial : épargnez votre enfant de vos conflits. Ne critiquez jamais l'autre parent devant lui. Ne l'utilisez pas comme messager ou comme espion.
Votre enfant n'a pas à être votre confident sur les reproches que vous faites à votre ex. Il n'est ni un espion pour savoir qui votre ex fréquente, ni un messager du type "tu diras à ton père/ta mère...".
Parler mal de votre ex devant votre enfant revient à le déprécier lui aussi - il est fait de vous deux. Il en viendra à avoir peur de vous décevoir s'il montre son amour pour son autre parent.
L'exposition régulière au conflit parental modifie littéralement le développement cérébral de l'enfant, altérant sa capacité à gérer le stress et à former des relations saines à l'âge adulte.
Soyez clairs sur ce qui change. Votre enfant a besoin de savoir concrètement ce qui va se passer. Qui va vivre où ? Quand verra-t-il l'autre parent ? Gardera-t-il sa chambre ? Son école ? Ses amis ?
Insistez sur ce qui reste stable : "Tu garderas ton école et tes amis", "Tu auras ta chambre chez papa et chez maman", "Nous serons toujours là pour tes anniversaires, tes spectacles, tes matchs".
Respectez absolument le calendrier de garde et soyez prévisible. Évitez de jouer avec les gardes ou de faire des changements de dernière minute. Votre enfant a besoin de repères pour se sécuriser.
5. Soyez clair : la séparation est définitive
Tout en validant ses émotions et en restant disponible, dites-lui clairement que votre décision est définitive. Beaucoup d'enfants nourrissent l'espoir secret que leurs parents se réconcilieront, ce qui les empêche d'accepter la nouvelle réalité et de s'y adapter.
Dites clairement mais avec douceur : "Notre décision est prise, nous ne reviendrons pas en arrière." Ne laissez pas planer l'ambiguïté - votre enfant a besoin de clarté pour avancer. L'attente d'une réconciliation ne ferait que le priver d'épanouissement.
Comment la sophrologie aide votre enfant à traverser cette période
En tant que sophrologue, je propose aux enfants des outils concrets pour les aider à gérer leurs émotions et retrouver un sentiment de sécurité intérieure.
La sophrologie offre un espace neutre où votre enfant peut :
Exprimer ses émotions dans un cadre sécurisant et sans jugement
Renforcer ses repères intérieurs quand tout change autour de lui
Apprendre à réguler son anxiété grâce à des techniques adaptées à son âge
Retrouver un sommeil de qualité si nécessaire
Se projeter sereinement dans sa nouvelle organisation familiale
Des exercices simples à pratiquer à la maison
La respiration "du papillon"
Invitez votre enfant à s'imaginer comme un papillon qui respire doucement. Les ailes (les mains posées sur la poitrine) se soulèvent à l'inspiration et s'abaissent à l'expiration. Pratiquez cet exercice ensemble pendant 3 minutes par jour pour réduire son anxiété.
La visualisation du "lieu refuge"
Guidez votre enfant pour qu'il imagine un endroit où il se sent totalement en sécurité et heureux. Ce peut être un lieu réel ou imaginaire. Encouragez-le à s'y rendre mentalement quand il se sent triste ou inquiet.
Une étude de l'Institut de Sophrologie de Paris montre que la pratique régulière de ces deux exercices réduit de 45% les troubles du sommeil et de 37% les symptômes anxieux chez les enfants de parents séparés.
Le "bocal des émotions"
Proposez à votre enfant de dessiner un grand bocal sur une feuille. À l'intérieur, il peut représenter ses émotions par des couleurs différentes : rouge pour la colère, bleu pour la tristesse, jaune pour la joie, vert pour la peur... Cette technique l'aide à reconnaître et nommer ce qu'il ressent.
Le temps : votre allié
L'adaptation n'est pas linéaire. Votre enfant connaîtra des hauts et des bas, des périodes où tout semble aller bien suivies de moments de régression. C'est normal et attendu.
D'après une méta-analyse publiée dans "Family Relations", plus de la moitié des enfants de parents séparés retrouvent un équilibre émotionnel comparable à celui des enfants de familles unies dans un délai de 18 à 24 mois, à condition que les conflits parentaux soient minimes.
Soyez attentif aux signes de détresse. Certains enfants manifestent leur mal-être par des symptômes physiques (maux de ventre, de tête), d'autres par des changements comportementaux (agressivité, repli sur soi), d'autres encore par une chute des résultats scolaires.
Si votre enfant devient brusquement mutique, s'il s'enferme, aidez-le à verbaliser ce qu'il ressent, sans forcer. Il doit comprendre que votre porte lui sera toujours ouverte quand il en aura besoin. Ou proposez-lui d'en discuter avec un tiers.
Le bon sens voudrait qu'il y ait la possibilité d'une consultation préventive pour tous les enfants vivant une séparation parentale, même sans signes apparents de détresse.
Conclusion
Se séparer de façon constructive, c'est possible. Même si ça ne dépend pas que de vous, concentrez-vous sur ce que vous pouvez contrôler : votre communication, votre disponibilité émotionnelle, votre respect de l'autre parent.
La séparation est une épreuve pour toute la famille, mais elle peut aussi être une opportunité d'apprentissage et de croissance. Un enfant qui a appris à surmonter l'épreuve de la séparation de ses parents, en étant correctement accompagné, développe des capacités d'adaptation qui lui seront précieuses tout au long de sa vie
Prenez soin de vous pour pouvoir prendre soin de votre enfant. Faites-vous aider si nécessaire. Et rappelez-vous : la plus belle preuve d'amour que vous puissiez offrir à votre enfant est de lui permettre d'aimer ses deux parents sans conflit de loyauté.


Sources et ressources :
- Dr Gérard Poussin, Elisabeth Martin-Lebrun, Association La Passerelle ."Les enfants du divorce" (Dunod, 2011)
- Dre Marie-France Hirigoyen : "Séparations avec enfants" (2024, Éditions La Découverte)
- Carol R. Hughes, Bruce R. Fredenburg : "Home Will Never Be the Same Again: A Guide for Adult Children of Gray Divorce " (Rowman & Littlefield, 2020)
- E. Mark Cummings; Patrick T. Davies : "Marital Conflict and Children: An Emotional Security Perspective" (2011, Guilford Press, coécrit avec Patrick Davies)
-Kelly & Emery Family Relations volume 52, n°4 -2003 "Chlidren adjustment following l divorce: Risk and Resilience Perspectives" (National Council on Family Relations)
-Un livre que j'affectionne particulièrement : "C'est une histoire d'amour" de Thierry Lenain-Illustratrice Irène Schoch-(2004-Albin Michel)
À propos...
Hello, je suis Alexandra Dumoulin, sophrologue engagée pour les enfants et les adolescents. C'est avec pep's et dans un climat de confiance que
je les accompagne à évoluer les yeux fermés.
Alexandra Dumoulin
Sophrologue EI - Enfants & Adolescents
263, rue Nelson Mandela, 01630-France
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